Tagong – Litang, ou 8 heures passees ensemble, cote a cote, a devorer des yeux les paysages de la magnifique « Route Sichuan – Tibet» , et ben, ca cree des liens.
Meme si Dja-Tah, mon chauffeur tibetain, bredouille a peine assez de chinois pour comprendre mes rudiments made in Lonely Planet. A deux dans un minibus, on partage au moins la musique. La playlist est tibetaine mais -on aura tout vu- se met a nous jouer « Hey Ho» , tube interplanetaire (je le decouvre a cet instant) de nos chers « Tragedie» . La pollution musicale est partout, meme sur les cols a 4000m.
On s’arrete de temps en temps pour bidouiller le starter a la main dans le moteur – je suis responsable tournevis et je fais de mon mieux.
Deux heures avant d’arriver, les cimes enneigees en toile de fond, je decide de me lancer. Je vais tenter un « J’irai dormir chez vous» . Je choisis l’option offensive. La methode est simple, efficace. Arborant mon plus franc sourire, a l’aide d’une carte du sichuan et de mes petites mimines, je lance/mime un « Demain. Moi. Xiangcheng. Avec toi. Ok?» Discussion du prix, ca m’a l’air bien parti. On tombe d’accord sur 80 yuans pour les 7h de route ; j’accepte et le remercie chaleureusement. La premiere banderille est posee, le reste sera une formalite. Sourire toujours. Encore plus franc – ce type est vraiment adorable, pas besoin de se forcer. Je le prends par l’epaule : « Litang. Ce soir. Moi. Dormir. Toi. Ok?» …. « Hum, Ok!» C’est dans la poche et, tous deux rejouis, nous entamons notre descente (facon de parler, la ville est tout de meme perchee a 4014m, sur un vert plateau) vers Litang, derniere grosse bourgade avant la frontiere tibetaine. Arrives en ville, hop, on passe chercher sa femme dans le centre et direction la maison, perdue dans un dedale de petites allees anciennes. La maison est simple mais agreable. Deux grandes pieces a vivre, une cuissine salle de bain et un petit jardin.
Ma chambre est aussi celle des enfants et sert occasionnellement de piece de reception et de salle de priere, avec les photos du dalai lama et les offrandes qui vont bien.
Apres avoir rencontre toute la petite famille (Dja-Tah, sa femme Jung-jin, et leur enfants Senang-Nimang, 9 ans et Jiang-Tcho-Chi, 15 ans) et mange un gouter epice, je m’echappe avec mon appareil photo, faire un petit tour vers le monastere tout proche.
Une bonne heure et quelques belles rencontres plus tard, impossible de retrouver mon chemin. La nuit tombe et les ruelles se ressemblent toutes. Les tibetains toujours souriants rigolent de me voir chercher ma route. Mouarf. Heureusement, j’avais note les prenoms de toute la petite famille dans mon petit carnet et, apres une demi heure d’errance et l’interrogation d’une demi douzaine d’autochtones du voisinage, deux gamins finissent par me guider chez mon hote. Repas en famille autour d’une excellente nourriture sichuano-tibetaine ; legumes frits et yack fume, le tout parfaitement epice.
Puis session photos. Celles du voyage depuis Moscou, puis celle de la famille, la mienne et la leur.
Vraiment un chouette moment, meme si les mots manquent a l’heure d’exprimer ses idees en profondeur. Dodo a 21h30, partageant ma chambre joliment decoree avec le petit Senang-Nimang. Sous ma couverture de Yack qui pese une tonne, je ne peux pas me retourner, mais je savoure ma journee. Le lendemain, Dja-Tah et sa femme refuseront l’argent que je leur propose pour l’hebergement, et me feront promettre de revenir les voir bientot. Tout simplement.
J’irai dormir chez vous #1
On septembre - 20 - 2009