Moscou est calme. L’architecture sovietique l’y oblige. L’Histoire, sur la Place Rouge, vous prend au tripes et vous domine, vous ecrase. Le mausolee de Lenine inspire le silence et les coupoles dorees vous gardent les yeux au ciel, bouche bee. Moscou est frenetique. Le majestueux metro, metronomement regle, crache et aspire des moscovites presses, vers les rues enervees. Ici chaque « ruelle» est pour nous un boulevard. Chaque automobiliste, un taxi potentiel. Une main tendue et trente voitures s’arretent, pretes a negocier un complement de salaire. Car Moscou est injuste. Les Porsches et BMW cachent des Ladas, plus nombreuses. Moins voyantes. Gardiennes de la rue, des toilettes demontables, des kiosques fourre-tout, et vendant leurs legumes aux carrefours encombres, les babouchkas, epuisees, sont partout. Partout ou le moindre kopeck pourrait montrer son nez. Etrange et derangeant dans une culture ou ces grand-meres sont tres respectees, admirees, presque venerees. Aux moscovites aises, sexy et bien portants, « m’as-tu vu» au possible, fiers et cultives, s’opposent les autres. Ceux qu’on ne voit pas ou qu’on ne veut pas voir. Ils vivent dans des taudis et boivent dans les parcs. Et ils nombreux, eux. Mais Moscou est aussi feerique, accueillante, surprenante et magique. Il y a un peu de Paris dans la somptueuse Place Rouge illuminee. Un peu de Berlin aussi dans la folie de ses nuits. Et ce foutu petit quelque chose, insondable mais partout present, ce relent d’histoire, cette memoire permanente, dans toute construction, tout etre et toute parole, qui rappelle que Moscou n’est pas occidentale. Pas pleinement en tout cas. Elle garde bien en elle un coeur sovietique.
Arret sur image #1
On août - 9 - 2009