Petit Bonhomme, c’est toujours pas Zizou, et ici, ce sera Singkali, notre guide pour cette curieuse aventure de 3 jours dans les Tana Toraja, enclave montagneuse du centre des Celebes, ile du nord-est indonesien.
Petit Bonhomme (egalement surnomme « Petit d’Homme» ou encore « Petit Quechua» , selon notre humeur), eh ben, croyez-le ou non, il a 35 ans et deux fillettes de 8 et 5 ans. Et il est du coin, donc il connait bien. Les traditions locales auxquelles il nous initie sont bluffantes et intrigantes.
Curieusement, ici, la vie semble centree sur la mort. Plus tu travailles, plus tu es riche, plus tu as de buffles et de cochons, plus tu pourras en sacrifier pour assurer a tes proches une bonne place dans l’organnigramme de l’au-dela. Je caricature a peine, c’est Petit Quechua qui l’a dit. Les locaux passent aussi beaucoup de temps a construire, entretenir et honorer les tombes de leurs ancetres, creusees dans des falaises ou des rochers, baties dans les abres ou protegees par des maisons, selon le rang social du defunt et la richesse accumulee sur terre a l’heure de monter voir Saint Pierre.
« 90% des Torajiens sont chretiens» , nous apprend le Petit d’Homme, » mais les traditions ancestrales restent fortement ancrees dans la vie de tous les jours et prennent souvent le pas sur les rites chretiens» . On assiste ainsi aux funerailles d’une notable de Rantepao. Decedee depuis un an, elle n’est honoree qu’aujourd’hui, apres de longs mois passes a creuser la sepulture, contruire le village funeraire (doit pouvoir accueillir plusieurs millers de convives pendant 4-5 jours) et rassembler l’argent necessaire aux sacrifices d’animaux. Pendant cette longue annee, madame la defunte continue donc de squatter sa chambre, distraite par famille et amis qui se doivent de prendre le the chaque jour avec elle. Aujourd’hui donc, premier jour de ceremonie, l’ambiance est a la fete, impressionante. Autour de nous, quelaues 500 invites observent le cercuiel se faire promener, secouer, sauter, portes par les athletes de la famille, jusqu’au promontoire qui lui sera reserve pour la suite des festivites.
Apres une demi-heure d’incantations flippantes d’un pretre perche, toujours au milieu d’une foule joyeuse, le buffle d’une tonne ne fait pas le fier a l’heure du sacrifice. Le bourreau, pas vraiment une fine lame sur ce coup-la, aura besoin de trois longs rounds pour achever la pauvre bete.
Ecoeurant. Pour nos yeux d’occidentaux. Plus tard, dans un champ tout proche se lance une joute de combats de buffles.
Les animaux se cherchent, se taquinent, se chargent, et finalement souvent s’evitent, sous les acclamations des invites et des bookmakers, evidemment presents.
Le premier jour de ceremonie est fini, et Petit Bonhomme nous guide hors du village, enjambant les cochons, prisonniers de bambous, voyant s’approcher l’heure de leur sacrifice.
L’homme est un loup pour l’homme, un muffle pour le buffle et un porc pour le porc.
Mais au dela de ces coutumes funeraires bizarres, parfois admirables et parfaois barbares, les Torajas abritent une population chaleureuse, non encore corrompue par les lois du tourisme, prete a faire decouvrir nature et culture, traditions et paysages.
Des terrasses de rizieres a perte de vue, peuplees d’enfants souriants et de maisons torajas, tronant ici fierement depuis des siecles.
Voila ce que Petit Quechua nous montre le deuxieme jour.
L’etrange forme de ces habitations proviendrait des chinois (mais ils sont vraiment partout, ils sont forts ces chinois!), premiers colons de l’ile, experts es chantiers navals, qui ne savaient construire que des coques de bateau…
Une belle legende pour un fort beau pays. Et un nouveau copain. Un P’tit Bonhomme. Tout p’tit.
——————
Plus de photos des Tana Torajas : http://www.facebook.com/album.php?aid=2208095&id=12808415&l=993c8239c7
Envie d’un autre point de vue sur les Torajas ? Check this out : http://www.mescarnetsdevoyages.com/?p=338